Portefeuille d’identité numérique européenne : Progrès vs risques de flicage généralisé ?

Portefeuille d’identité numérique européenne : Progrès vs risques de flicage généralisé ?

Tribune dans le journal Nexus

Juin 2021, la Commission européenne présentait son projet d’identité numérique, associé à un portefeuille virtuel pour chaque citoyen européen. La députée européenne Virginie Joron a fait connaître ses craintes.

Pour l’élue, « il n’y aura pas de retour en arrière possible, tout comme pour le pass sanitaire » : une version dématérialisée de nos documents personnels, censée faciliter nos démarches du quotidien, sera bientôt utilisable partout en Europe.

◆ Le principe de l’identité numérique

Ce portefeuille virtuel intervient dans le cadre de la boussole numérique : le projet en place pour la transformation de l’Europe d’ici à 2030. Septembre 2021. Dans son discours sur l’état de l’Union, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, parle d’une identité « fiable, que tout citoyen pourra utiliser partout en Europe pour n’importe quel usage, comme payer ses impôts ou louer un vélo. Une technologie qui nous permettra de contrôler quelles données nous partageons et l’usage qui pourra en être fait. »

◆ Nos données regroupées virtuellement

Un portefeuille virtuel ultra-sécurisé à la portée de tout citoyen européen, qui regroupe moyens de paiement et documents divers, dans une application mobile. Le but : court-circuiter les GAFA, et faciliter la vie de ses utilisateurs, citoyens comme entreprises. D’après le site officiel de la Commission européenne, « 72 % des utilisateurs souhaitent savoir comment leurs données sont traitées lorsqu’ils utilisent des comptes de réseaux sociaux. 63 % des citoyens de l’UE souhaitent disposer d’une identité numérique unique sûre pour tous les services en ligne. »

Parmi les avantages mis en avant, de multiples possibilités d’utilisation : signer des courriels et des documents officiels sans imprimer de papier, conserver une prescription médicale utilisable partout en Europe, prouver son âge ou encore louer une voiture au moyen d’un permis de conduire numérique.

◆ Vers un projet ambitieux mais délétère ?

« Évidemment, au départ ce sera pour notre bien. Ce sera plus facile pour pouvoir payer, pour vérifier si quelqu’un est vacciné, ou pour voter. On est à deux doigts de la puce électronique sous la peau. » Virginie Joron, députée RN au Parlement européen, évoque une possible fin des libertés, ou les prémices d’un capitalisme de contrôle: « Avec l’identité numérique, la 5G et les objets connectés, nos conversations, notre santé, nos ordonnances, nos pensées, notre intimité, notre espérance de vie, tout ça sera exposé, exposable, vendable, revendable. »

D’ici à 2030, c’est une révolution numérique qui couvrira tous les domaines : services publics, entreprises, infrastructures, incluant les données personnelles de chaque citoyen. Et l’argument phare, c’est la Covid : « La pandémie a mis en évidence le rôle central que joue la technologie numérique dans la construction d’un avenir durable et prospère », avance Ursula von der Leyen. Une Europe numérique dans le monde, à laquelle rien ni personne n’échappera.